Master Métiers du livre

Comment assurer une place au Livre dans l’avenir ? Le parcours de Julie Duquesne

Nov 22, 2018 | Édition, Événements, Librairie

Julie Duquesne exerce le métier de relations éditeurs-libraires. En prévision de son intervention à la journée d’étude qui aura lieu le 23 novembre prochain à l’Université de Bourgogne, les questions relatives à l’avenir des métiers du livre sont sur toutes les lèvres. En tant qu’actrice du secteur, la richesse de son métier lui permet de se renouveler sans cesse humainement et professionnellement parlant. Férue de lecture, elle participe activement à la prospérité de la sphère du livre.

Le livre est-il mal aimé ?

La lecture, un rituel désuet ?

« Je ne pense pas que le livre soit mal aimé, au contraire ! » assure Julie Duquesne.

Nous voilà rassurés ! – alors que nous abordons le sujet houleux de l’avenir du livre dans le monde d’aujourd’hui.

Oui, nos habitudes de lecture ont évolué ces dernières années, c’est indéniable, notamment avec la naissance de nouvelles pratiques chronophages qui bouleversent nos rapports à la lecture. Attention ! il ne s’agit pas ici de faire le procès de ceux qui lisent peu ou pas, seulement de constater l’évolution de nos modes de vie. Nous passons beaucoup plus de temps sur nos écrans qu’auparavant et ce, que l’on se considère comme grand lecteur ou non. Les séries télévisées ou encore les réseaux sociaux font que notre temps perdu dans les pages d’un livre a considérablement diminué, que l’on en soit conscient ou non. Cependant, Julie Duquesne met en lien deux éléments essentiels de nos modes de consommation actuels : les personnes qui prennent encore le temps de lire des livres sont les mêmes que celles qui consomment des séries devenues qualitatives. Tout n’est donc pas perdu !

Les mots pour panser les maux de la technologie

Non, les livres n’ont pas encore dit leur dernier mot : il faut seulement s’adapter à notre monde en constante évolution, apprendre à vivre avec notre temps. Bien sûr, notre siècle est synonyme de rapidité, de visibilité massive via les réseaux sociaux mais dans cette folie du quotidien, le livre ne devient-il pas l’objet au travers duquel on peut justement se couper du monde ? N’est-il pas encore un moyen de s’évader, pour quelques heures, dans l’imaginaire d’un auteur ?

Le livre occupe la place qu’on veut encore bien lui donner et il reste le premier vecteur de culture. Nous sommes les acteurs de notre futur et il nous incombe de faire perdurer la lecture, au travers de nos enfants par exemple.

« Le livre nous survivra. »

Mais il faudra certainement faire des concessions et s’adapter. L’adaptation, justement, reste le mot maître qui a ponctué toute la carrière de Julie Duquesne.

Le monde du livre : une adaptabilité à toute épreuve ?

Le parcours de Julie Duquesne, loin d’être linéaire, se veut très diversifié, à l’image de l’ensemble des métiers de ce secteur. Déjà mordue de lecture à l’adolescence, cette passion se confirme pour elle à la suite d’une blessure sportive qui l’amène à se réfugier au sein d’une librairie. C’est là qu’elle découvre le métier de libraire et son envie de prendre part à cet univers. Diplômée d’un DUT Métiers des livres en 2001, elle fait son entrée dans le monde professionnel en devenant tout d’abord responsable des rayons de littératures française et étrangère, jeunesse, policière ou encore de bande-dessinée dans diverses librairies. Par la suite, elle occupe un poste de chargée d’édition et de communication pendant deux ans avant de se diriger à nouveau vers la librairie.

En 2007, elle devient représentante d’édition chez Interforum, une filiale du groupe Editis. Ce n’est donc qu’en 2008 qu’elle ouvre sa propre librairie à Besançon, L’Ivre des Mots. Malgré tout, elle ne considère pas cela comme un réel aboutissement mais plutôt comme un défi à relever.

« C’était difficile et exaltant. Je peux dire que je suis allée au bout de quelque chose. »

C’est pour cela qu’à la fermeture de L’Ivre des Mots (enseigne Les Gourmands lisent), cinq ans plus tard, elle ne perd pas pied. Julie Duquesne est polyvalente et son milieu professionnel lui permet de faire des rencontres qui guident sa vie. Elle décide de monter son entreprise de relations éditeurs-libraires en 2015 et s’associe à Christophe Grossi en janvier 2018.

Surdiffusion ou relations éditeurs-libraires : un métier au carrefour de la chaîne du livre

Une carrière synonyme de renouveau du monde littéraire

Surdiffusion ou relations éditeurs-libraires ? A la demande de Julie Duquesne, abolissons le premier terme qu’elle juge inapproprié et trop attaché au champ lexical du commerce. Sa position est complémentaire à celle des représentants d’édition : indirectement, son but est de faire vendre des livres mais elle ne les vend jamais directement. Plus encore que de les faire vendre, son rôle est essentiellement celui de conseiller et d’aiguiller les éditeurs, de créer des liens avec les libraires.

Mais finalement, qu’est-ce qu’être relations éditeurs-libraires ? Ce métier est, somme toute, assez récent puisque né dans les années 2000. Aux prémisses de cette innovation dans la profession, on retrouve Sabine Wespieser ou encore Liana Levi. Le métier de relations éditeurs-libraires s’est crée de lui-même au sein même des chamboulements qui ne cessent de secouer le monde du livre notamment chez les libraires et les diffuseurs.

Le livre comme vecteur de lien social

Il s’agit donc d’être un acteur polyvalent et un maillon nécessaire de la chaîne du livre. Le métier de Julie Duquesne lui offre une grande palette d’activités, telles que celles de rencontrer des éditeurs, de lire des manuscrits en amont, d’envoyer des services de presse, de créer des supports promotionnels à envoyer aux librairies, d’organiser des tournées d’auteur ou encore de recueillir les retours des lecteurs. Son emploi du temps chargé ne laisse aucune place à l’ennui : chaque jour apporte son lot de nouveaux défis. Cette facette de l’emploi pourrait donc attirer des étudiants qui ne seraient, de prime abord, pas intéressés par celui-ci.

L’univers des relations éditeurs-libraires reste, avant tout, humain. Julie Duquesne, dans la confidence, nous avoue que ce sont les rencontres qui la motivent et lui apportent de la joie. « Il faut persévérer », nous dit-elle, et cela nous semblait être une belle conclusion à toutes ces questions sur l’avenir du livre. De l’envie, un soupçon de passion, une pointe de générosité et un nuage d’empathie : voilà la recette du succès !

 

Kasia Dého et Manon De Miranda, M2 Métiers du Livre 2018-2019